Fin des imams "détachés" : "L'islam de France doit se démarquer", salue le grand imam de la mosquée de Bordeaux
"C'est une étape importante", a salué lundi 1er avril sur franceinfo Tareq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeaux, auteur de Ce que vous ne savez pas sur l'Islam publié aux éditions Fayard. À partir de lundi, les "imams détachés" qui officient en France doivent changer de statut et être salariés. La France ne veut plus d'imans envoyés par des pays étrangers et rétribués par eux. "C'est très important que les imams qui officient dans les mosquées en France soient des imams résidents français et de purs produits français. C'est l'idéal", juge Tareq Oubrou.
Si un "imam détaché" veut rester dans sa mosquée, il doit donc désormais être salarié, soit du lieu de culte dans lequel il officie, soit d'une association. Mais "la majeure partie des imams sont des imams bénévoles", a rappelé le grand imam de la mosquée de Bordeaux. Dans une mosquée, plusieurs imams officient soit pour la fonction liturgique des cinq prières, le sermon du vendredi ou l'enseignement religieux. "L'imam salarié, oui, c'est nécessaire, mais ce n'est pas suffisant pour gérer toutes les activités qui se déroulent dans une mosquée", a-t-il précisé.
"Si un imam part, il y a d'autres imams"
Selon Tareq Oubrou, cette mesure ne va pas désorganiser les mosquées en France. "Si un imam part, il y a d'autres imams. Il y a beaucoup d'imams bénévoles. Pour la prière, n'importe quel musulman peut la diriger, insiste le grand imam de la mosquée de Bordeaux. Dans l'islam, il n'y a pas d'ordination de l'imam. Ce n'est pas un prêtre", a-t-il expliqué.
"Tout musulman qui a un peu de connaissance de sa religion, une culture générale peut diriger le culte. On peut bricoler en attendant de trouver un imam salarié."
Tareq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeauxà franceinfo
L'idée du gouvernement est de réduire ainsi l'influence des pays d'origine. Cette mesure concerne quelque 300 imams sur les 2 700 que compte la France. Ils venaient jusqu'à présent majoritairement de Turquie (150), d'Algérie (120) et du Maroc (30). "Il y a un islam ethnique qui est en lien encore avec le pays d'origine. Il y a une intervention des pays d'origine pour des raisons géothéologiques et géopolitiques" observe Tareq Oubrou. "L'islam de France doit se démarquer" de "l'intervention des pays d'origine".
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